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ma vie nomade est termin\u00e9e.<\/strong><\/span>
\nelle est arriv\u00e9e \u00e0 sa fin comme elle a commenc\u00e9, tout \u00e0 coup c’\u00e9tait fini, une \u00e9vidence<\/strong><\/span><\/p>\n

plusieurs cycles plus ou moins longs sont accomplis
\nvingt-deux ans, cinquante et une lunes (environ), six mois, c\u2019est l\u2019espace qui m\u2019a \u00e9t\u00e9 n\u00e9cessaire pour achever une transformation int\u00e9rieure, retour au vide\u00a0
\n<\/span>pl\u00e9nitude, tout est possible<\/p>\n

<\/p>\n

un jour j\u2019ai donc l\u00e2ch\u00e9 les r\u00eanes et je me suis mise en route d\u2019une autre mani\u00e8re, depuis j\u2019ai pass\u00e9 plusieurs saisons en mode itin\u00e9rant, dans une sorte de chantier mobile.\u00a0<\/span><\/p>\n

ce fut une p\u00e9r\u00e9grination en solo, suivant le fil de ma seule guidance int\u00e9rieure, un moment apr\u00e8s l\u2019autre, ce fut un vagabondage fougueux et confiant, me sentant compl\u00e8tement en s\u00e9curit\u00e9 et soutenue \u00e0 tout moment<\/p>\n

c\u2019\u00e9tait une transition ou plut\u00f4t la phase finale d\u2019une \u00e9poque de transition
\navec des ajustements vibratoires, c\u2019\u00e9tait aussi d\u2019un changement de plan d\u2019existence<\/p>\n

je suis rest\u00e9e beaucoup avec moi-m\u00eame, presque toujours dans la nature, j\u2019ai retrouv\u00e9 une ou deux fois des lieux familiers ou des amis, mais j\u2019ai principalement \u00e9t\u00e9 passante, allant d\u2019un lieu \u00e0 l\u2019autre, tous les deux ou trois jours, selon l\u2019inspiration du moment<\/p>\n

rien de marginal (d\u00e9croissance, hors syst\u00e8me, \u2026), au contraire j\u2019\u00e9tais curieuse des marges\u00a0<\/span><\/p>\n

\n
l\u2019espace laiss\u00e9 en marge des choses, ni investi ni d\u00e9laiss\u00e9, pas tr\u00e8s consciemment, o\u00f9 \u00e7a pulse et respire\n<\/li>\n
l\u2019infime marge de manoeuvre dans le vide absolu de la t\u00eate o\u00f9 sont d\u00e9jou\u00e9es les programmations et autres conditionnements\n<\/li>\n
les confins et les limites : par exemple entre for\u00eat et prairie, les berges des cours d\u2019eau, l\u2019environnement imm\u00e9diat des habitats (humains, animaux), entre veille et sommeil, le r\u00eave \u00e9veill\u00e9\n<\/li>\n
la dissociation ou la superposition des niveaux de conscience (la r\u00e9alit\u00e9 mat\u00e9rielle, ce qui est ressenti, ce qui est compris\/projet\u00e9 mentalement, etc.)\n<\/li>\n
la multiplicit\u00e9 de plans d\u2019existence v\u00e9cus simultan\u00e9ment (croisements, bifurcations, r\u00e9orientations possibles)<\/li>\n<\/ul>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
c\u2019est une vie d\u2019acrobate, qui consiste \u00e0 vivre sur\/dans un point quelque part dans l\u2019univers, qui peut s\u2019\u00e9tendre jusqu\u2019\u00e0 contenir l\u2019univers tout entier<\/strong><\/span><\/p>\n
c\u2019est un mode de vie au pr\u00e9sent<\/strong><\/span>
\no\u00f9 le quotidien est sans projet, sans intention, ni contrainte, aucune planification ni anticipation, peu de r\u00e9seau<\/strong><\/span>
\nl\u2019exp\u00e9rience de vivre autrement, ne plus rien savoir (lieu, temps, date), d\u2019\u00eatre l\u00e0 o\u00f9 je suis <\/strong><\/span>
\nme laisser conduire instinctivement, sans interpr\u00e9ter<\/strong><\/span><\/p>\n
si rien ne se passe, je reste o\u00f9 je suis, je ne bouge pas, je m\u2019\u00e9tale, j\u2019occupe tout l\u2019espace jusqu\u2019\u00e0 ce que quelques chose s\u2019invite ou s\u2019impose en moi, et si cela me touche ou m\u2019appelle je r\u00e9ponds, quand cela me chante<\/strong><\/span><\/p>\n
en r\u00e9alit\u00e9 ce n\u2019est pas si facile, les formes mentales, les habitudes, etc. sont bien plus tyranniques qu\u2019il ne para\u00eet et de plus les d\u00e9sirs et les craintes alt\u00e8rent subrepticement mon exp\u00e9rience aussi
\nje m\u2019occupe \u00e0 d\u00e9raciner les unes et traverser les autres, d\u00e9licatement, patiemment, avec un immense respect pour mes fragilit\u00e9s et mes vuln\u00e9rabilit\u00e9s<\/strong><\/span><\/p>\n
<\/p>\n
\ndurant ce parcours j\u2019ai eu des (d\u00e9s)illusions majeures et j’ai pris conscience de pas mal de choses
\net \u00e0 chaque fois j\u2019ai opt\u00e9 pour une d\u00e9programmation syst\u00e9matique\u00a0<\/span><\/span><\/strong><\/p>\n
<\/p>\n
clin d\u2019oeil<\/strong>
\n<\/span>quand j\u2019ai r\u00e9alis\u00e9 que la maison o\u00f9 je viens de m\u2019installer a \u00e9t\u00e9 mise en vente le jour o\u00f9 j\u2019ai entam\u00e9 mon p\u00e9riple, le 1er ao\u00fbt l\u2019an dernier<\/p>\n
<\/p>\n
parmi de nombreux grands bonheurs
\n<\/span><\/strong>une touche joyeuse : les rivi\u00e8res dans tous les sens, dans l\u2019eau, sur les berges, \u00e0 leur source
\nle plus porteur : la beaut\u00e9 des \u00eatres et des choses
\ninfiniment doux : la d\u00e9tente et le rel\u00e2chement total du corps au moment o\u00f9 le signe surgit
\npuissant : le silence, jour et nuit, partout
\nassez d\u00e9stabilisant : une nuit enti\u00e8re d\u2019orages et de pluies torrentielles, m\u00eame \u00e0 l\u2019abri
\n<\/span>le plus exigeant : quand \u00e7a d\u00e9conne et \u00e7a sonne faux (en moi ou dehors, c\u2019est pareil)
\nd\u00e9cid\u00e9ment lib\u00e9rateur : la perte de rep\u00e8res, de rythme
\nd\u00e9licieux sans pareil : me vautrer dans le plaisir de l\u2019instant<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
avec l\u2019insouciance intr\u00e9pide d\u2019une enfant, j\u2019ai pass\u00e9 tout mon temps \u00e0 d\u00e9construire tout ce que je trouvais jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019il ne reste plus aucune forme stable, avec des \u00e9bahissements et les d\u00e9boires renouvel\u00e9s, et \u00e0 d\u00e9couvrir et exp\u00e9rimenter des formes fluides \u00e9volutives <\/span><\/strong>(\u00e0 cet \u00e9gard, l\u2019eau qui coule est une source d\u2019inspiration \u00e9ternelle pour moi)<\/span><\/strong><\/p>\n
cela fait plusieurs d\u00e9cennies que je m\u2019adonne \u00e0 cet art furtif<\/span><\/strong><\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
et un jour je me suis retrouv\u00e9e soudainement\/finalement dans ce qui allait devenir mon nouveau lieu de vie (ah, c’\u00e9tait donc l\u00e0 !)<\/p>\n
alors un nouvel espace s\u2019est ouvert et j\u2019ai entam\u00e9 une autre phase du processus, r\u00e9pondant \u00e0 une invitation \u00e0 revisiter la mati\u00e8re dense et \u00e0 m\u2019approprier une forme stable dans un mode libre<\/p>\n
alors qu\u2019\u00eatre de passage m\u2019avait donn\u00e9 une relative libert\u00e9 (et une marge notoire d\u2019esquive possible) de m\u2019engager er de me d\u00e9gager des gens et des endroits selon l\u2019envie et l\u2019humeur du moment, me familiariser avec un lieu que je n\u2019habitais pas encore, mais que je retrouvais, que j\u2019investissais et quittais tous les jours, m\u2019a propuls\u00e9e dans une itin\u00e9rance intime infiniment plus d\u00e9licate, celle de la confrontation in\u00e9luctable avec la densit\u00e9 concr\u00e8te de la r\u00e9alit\u00e9 mat\u00e9rielle (de mon choix)<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
le d\u00e9fi de rester vibrante et r\u00e9sonante face \u00e0 la tentation\/habitude de faire, \u00e0 la propension \u00e0 visualiser un \u00e9tat abouti des formes, \u00e0 anticiper les \u00e9tapes de d\u00e9veloppements possibles<\/span><\/strong>
\nl’exigence de rester \u00e0 osciller dans l\u2019incertitude du corps jusqu\u2019\u00e0 ce que du dedans s\u2019impose le geste, la solution, une prise de recul, le repos\u00a0 \u00a0 \u00a0 \u00a0 \u00a0 \u00a0 ou rien du tout<\/span><\/strong><\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
\u00e0 peine d\u00e9nich\u00e9 le lieu, un nid se construit, un paradoxe ?<\/strong>
\noui, et non ! le d\u00e9mant\u00e8lement s’est poursuivi dans des couches plus profondes, qui affleurent moins souvent<\/p>\n
aux formes libres et spontan\u00e9es se sont substitu\u00e9s des mouvements r\u00e9p\u00e9t\u00e9s ind\u00e9finiment, et pourtant toujours diff\u00e9rents
\nun b\u00e9n\u00e9fice secondaire : lors de mon installation dans la maison, le travail manuel pr\u00e9cis et soutenu a lib\u00e9r\u00e9 progressivement mon corps du stress de l\u2019itin\u00e9rance, une tension de vigilance, voire d\u2019alerte, rarement d\u00e9busqu\u00e9e et qui s\u2019est apais\u00e9e tr\u00e8s lentement<\/p>\n
dans la r\u00e9p\u00e9tition inlassable des gestes, en silence, un nettoyage plus profond s’est op\u00e9r\u00e9, entre \u00e9rosion et polissage, une simplification et un d\u00e9pouillement, un retour \u00e0 l\u2019immobilit\u00e9 et \u00e0 la vacuit\u00e9 dont j\u2019aurais pu n\u00e9gliger la n\u00e9cessit\u00e9 apr\u00e8s un long p\u00e9riple<\/p>\n
<\/p>\n
cependant j\u2019investis d\u00e9j\u00e0 aussi dans la prochaine expansion, alors que s\u2019ach\u00e8ve seulement la phase de contraction par un retour au point o\u00f9 s\u2019efface toute forme dans l\u2019infinit\u00e9 des possibles<\/p>\n
fin d\u2019un cycle\u00a0 <\/span>: l\u2019ancien dispara\u00eet et fait place au nouveau (mise en lumi\u00e8re de ce qui \u00e9tait d\u00e9j\u00e0 l\u00e0)<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
en quelques mots<\/strong><\/span>
\nla transmutation, dans l\u2019oeuvre alchimique, exige un prodigieux engagement au jour le jour dans le concret, dans la mati\u00e8re de nos vies, peu importe la forme que cela prend<\/span><\/strong><\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
un ralentissement, un \u00e9puisement, des signes clairs que j’arrivais \u00e0 mes limites et que l’exp\u00e9rience touchait \u00e0 sa fin<\/p>\n
pulsation<\/strong> : le soir du solstice, j’ai rencontr\u00e9 le coeur de la maison alors que je mettais une derni\u00e8re touche aux peintures, je me suis inclin\u00e9e avec r\u00e9v\u00e9rence<\/p>\n
jubilation<\/strong> : apr\u00e8s n\u2019avoir jamais dormi dans le m\u00eame lit plus de deux ou trois nuits, un soir enfin je me couche dans mon lit, un matelas, \u00eelot d\u2019intimit\u00e9 au milieu du chantier. Avec des cascades de soupirs de soulagement, mon corps s\u2019est d\u00e9tendu par vagues pendant toute la nuit (cela m\u2019a r\u00e9veill\u00e9e plusieurs fois), une jouissance cellulaire sans fin<\/p>\n
joie tranquille<\/strong> : au r\u00e9veil quelques jours plus tard, toujours au milieu du chantier, j\u2019ai ressenti une connection profonde avec la maison, qui m\u2019enveloppe, me contient et me prot\u00e8ge<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n
la fin a \u00e9t\u00e9 le plus difficile, je ne parvenais pas \u00e0 m\u2019arr\u00eater compl\u00e8tement (l\u2019accompli me montre un reste d\u2019attachement \u00e0 accomplir)<\/p>\n
la sensation de la fin, c\u2019\u00e9tait avant-hier<\/p>\n
hier, repos complet, consentant \u00e0 la fatigue et au vide<\/p>\n
et nous voil\u00e0 ce soir !<\/p>\n
<\/p>\n
<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"
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