J’ai embrassé l’aube d’été.

Arthur Rimbaud, Illuminations

 

 

édito

ce matin, à l’aube, concert sur le lac Léman

 

d’abord l’aube (du latin alba = blanche), le moment où le ciel blanchit, où rien n’est défini

puis l’aurore (dérivé de aurum = l’or), la lueur brillante et rosée qui suit l’aube et précède le lever du soleil

 


Ferdinand Hodler, le lac Léman et le Mont Blanc

 

 

l’espace infini se délimite, le jaune puis le rose apparaissent
sur la ligne d’horizon définie, le soleil va apparaître et s’élever : point du jour


sans horizon pas d’aurore

sans aurore pas d’horizon

 

 

De son berceau de brume à peine avait paru l’Aurore aux doigts de rose.
Homère L’Odyssée, II, 1 (traduction V. Bérard)

 

Robert Schumann, extrait  de « l’oiseau-prophète » par Maria João Pires

 

Quand le poète dit : l’aurore aux doigts de rose, là est intervenue la poésie. Là est la clé de toute l’opération poétique. (…) Entre la rose, des doigts et les couleurs d’une aurore tout entière, il y a de la distance, et de la marge, d’autant plus qu’aucune forme n’intervient comme soutien. (…) Rien ne nous empêche de voir le soleil surgissant comme une main ou un éclatement de pétales de roses.
Pierre Reverdy, Circonstances de la poésie

 

 

Debussy, « de l’aube à midi », extrait de La Mer fondu avec raga de l’aube par Hariprasad Chaurasya

 

ce matin un des musiciens avait les doigts engourdis par la fraicheur du petit jour 
« à certains moments, j’avais envie de jouer plus vite, et j’ai dû improviser avec cette limitation », nous a-t-il confié à l’issue du concert

on joue toujours avec ses limites : elles définissent, elles contiennent, elles cadrent, elles permettent de dépasser et de créer

 

 

L’aube et l’enfant tombèrent au bas du bois.

 

Au réveil il était midi.
Arthur Rimbaud, Illuminations